On remarquera que le nombre 7 rythme la structure du jeu ; en effet, le jeu est composé de 78 lames, structuré en :
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Quatre séries de 14 (2 x 7) cartes mineures chacune, pouvant se rapprocher des quatre éléments des Anciens
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Et de 21 atouts (3 x 7) numérotés en chiffres romains de I à XXI et du Mat (ou le fou), qui n'est pas numéroté.
Une question controversée est celle de savoir si le Mat, sans numéro, appartient à la série des cartes mineures ou à celle des atouts. On considère généralement d'un côté 56 cartes (arcanes mineures) et de l'autre 22 atouts (arcanes majeures); mais si l'on accepte les atouts comme le produit de trois fois 7, force est de mettre le Mat en dehors. Une présomption en faveur de cette solution résulte de la division numérique présente dans les nombres eux-mêmes. 78 est en effet la somme des 12 premiers nombres, tandis que 21 est la somme des 6 premiers (de 1 à 6) et 57, la somme des 6 suivants (de 7 à 12). On obtient ici une série de 21 cartes et une autre de 57. La présomption est encore renforcée par le fait que le Joker moderne (l'Excuse), issu du Mat des tarots, fait partie des cartes mineures.
Si on considère 21 atouts seulement, l'amateur va tenter de les classer. La disposition la plus simple sera :
1 2 3 4 5 6 7 (esprit) 8 9 10 11 12 13 14 (âme) 15 16 17 18 19 20 21 (corps)
On peut aussi écrire en colonne :
1 4 7 10 13 16 19 (esprit) 2 5 8 11 14 17 20 (âme) 3 6 9 12 15 18 21 (corps)
Oswald Wirth fait bien remarquer que certains nombres restent sur une même ligne quelle que soit la disposition; il en conclut que 1, 4, 7 sont particulièrement actifs ou spirituels, tandis que 8, 11, 14 sont intermédiaires ou animiques et 15, 18, 21 sont passifs ou corporels. Cet exemple montre comment les figures du Tarot peuvent être liées aux nombres.
Selon ce type de lecture, la série des 21 atouts se présente comme une progression de caractère initiatique, allant de l'origine jusqu'à 21 selon une évolution continue. Bien entendu, d'autres solutions peuvent être expérimentées, comme celle qui consiste à rendre le rectangle "magique" (voir à ce sujet, le Rôle des nombres dans le Formulaire de Haute-Magie par P. -V. Piobb), la somme des nombres de chaque ligne étant égale à 77 et celle des colonnes étant égale à 33. Plusieurs solutions existent. En voici une :
2 4 5 8 17 20 21 13 14 16 6 7 10 11 18 15 12 19 9 3 1
Dans une présentation comme celle-ci, la notion de progression est remplacée par une vision globale; chacun des atouts se trouve en relation avec tel ou tel autre et prend une signification particulière. On trouve une illustration claire de cette conception si, au lieu de considérer les dispositions précédentes, on cherche à former un véritable mandala. Dans cette perspective, le Tarot est bien un miroir du monde et l'on se souviendra utilement de cette pensée de Platon : "Si l'âme doit se connaître elle-même, n'est-ce pas vers une âme qu'elle doit regarder, et spécialement vers ce point de l'âme où est le siège de la vertu propre à l'âme, c'est-à-dire la sagesse?" Appliquant cette observation au Tarot, nous dirons en paraphrasant Platon : "Si le Tarot doit se connaître, n'est-ce pas vers le Tarot qu'il doit regarder et spécialement vers ce point qui est le propre de la vertu propre au Tarot, c'est-à-dire Le Monde ?" Ainsi, en prenant appui sur la lame XXI placée au centre, les atouts peuvent se répartir de la façon suivante :
6 12 19 3 10 20 9 13 16 2 21 11 7 4 18 15 5 14 8 1 17
Dans cette disposition, les 16 lames constituant le carré sont placé de telle sorte que ce carré soit "magique" : la somme des lignes verticales et diagonales égale 40. Les lames 5, 10, 15, 20 (arcanes prépondérantes V, X, XV, XX, XXII) deviennent des pôles de référence, placés sous les signes des évangélistes figurant sur la lame XXI. On peut y voir les correspondances avec les éléments Terre, Eau, Air, Feu.
Par cet exemple, comportant d'ailleurs bien des variantes, on aperçoit à quel point la structure du Tarot peut être liée aux nombres et il est facile de comprendre, dans ces conditions, que bien des amateurs aient pu chercher dans la Cabbale un mode d'investigation privilégié. La Cabbale a en effet pour principe de lier les lettres et le langage aux nombres pour en faire ressortir des significations cachées.
Très schématiquement, les calculs consistent, après avoir attribué un nombre à chaque lettre, à additionner puis à réduire les nombres trouvés pour les ramener à l'un des neuf premiers nombres possédant un symbolisme connu. Par exemple, le mot Messi, épelé M Sh I Ch, se traduira :
M = 40 Sh = 300 I = 10 Ch = 8 Total = 358
et 358 = 3 + 5 + 8 = 16 = 1 + 6 = 7 (nombre sacrée).
Selon la Cabbale, les Nombres révèlent l'intimité de la création et comme le Tarot peut être considéré comme un miroir du monde créé, l'amateur s'attachera à trouver des relations susceptibles d'éveiller son esprit à la compréhension de l'essentiel. La première idée, est celle qui consiste à comparer les 22 atouts aux 22 lettres de l'alphabet hébreux. Une autre idée, très utilisée, partira de l'analogie avec l'arbre de Séphiroth (l'arbre des nombres).
Transcription de l'arbre des Séphiroth en caractères romains
C'est ainsi qu'Oswald Wirth fait les rapprochement suivants :
Premier Séphire (Kether), qui signifie Couronne ou Diadème, est à rapprocher du Bateleur, première lame majeure, source de toute activité et de toute pensée. Second Séphire (Hokmah), Sagesse, liée à La Papesse, correspond à la pensée créatrice, au Verbe, à la Suprême Raison. Troisième Séphire (Bihah), Intelligence, Compréhension, se rapporte, comme L'Impératrice, à la conception et à la génération des idées.
Ce premier ternaire, d'ordre intellectuel, est lié à l'esprit ; le second est d'ordre moral, lié à l'âme et le troisième ternaire, d'ordre dynamique, lié au corps. Les voici, toujours dans l'interprétation d'Oswald Wirth.
4 (Hesed) : Amour, Miséricorde, Grâce - L'Empereur et sa bonté créatrice
5 (Geburah) : Pouvoir, Rigueur - Le Pape et sa volonté qui retient et gouverne toute vie donnée
6 (Tifereth) : Beauté - L'Amoureux et le Coeur, la sensibilité, les affections qui déterminent le vouloir
7 (Netsah) : Endurance, Triomphe - Le Chariot et son progrès
8 (Hod) : Splendeur - La Justice avec l'ordre que la nature apporte dans son travail
9 (Yesod) : Fondement - L'Hermite et le plan divin
10 (Malkuth) : Royaume - La Roue de Fortune, qui ramène à l'unité les trois ternaires précédents, réalisant l'être complet dans sa rotation continue
A partir de cette base, et par comparaison avec les autres lames mises en relation en fonction des schémas retenus par chacun, une interprétation complexe peut se développer. Réflexion intéressante, même si on considère souvent que telle ou telle analogie, entre lames du Tarot et nombres, rest peu convaincante au niveau littéral.
Idéogramme cabbalistique de la lettre hébraïque aleph.
Certains voient dans la position des mains une parenté avec le dessin de la première lame du Tarot, Le Bateleur
Un autre rapprochement peut être effectué entre les 22 atouts du Tarot et les nombres en applicant à chaque lame l'un des 22 polygones réguliers (cf. la Clef Universelle des Sciences Secrètes par P. -V. Piobb). En effet, le cercle, composé de 360°, contient 24 diviseurs. Cependant, 1 et 2 ne constituant pas des figures géométriques, on compte 22 polygones réguliers. On voit alors se déssiner un rapprochement entre les 22 lettres hébraïques, les 22 polygones réguliers et les 22 atouts du Tarot.